En ce mois de Novembre, je me suis plongé dans la lecture de L’année de Jeanne écrit par l’écrivain et animateur radio Franck Ferrand. Ce livre m’a été conseillé par Patricia Leroy-Amiand lors de mon passage dans sa librairie “20 000 livres sous la mer” à la barre de monts (85). Une petite libraire de livres d’occasion, proche de la mer, où l’on s’arrête pour acheter quelques livres avant d’aller sur la plage. Une libraire où l’on s’arrête pour découvrir quelque surprise comme ça a été le cas pour ce livre.
L’année de Jeanne a été écrit pendant le confinement. Période pendant laquelle nous nous sommes tous retrouvés enfermés chez nous. Franck Ferrand en a profité pour écrire et imaginer cette histoire qui se situe dans un futur (pas si lointain) et où le président de République abandonne petit à petit son rôle. Un futur où la France se noie et se meurt.
De la pucelle d’Orléans à la gamine de Strasbourg
Nous faisons très rapidement la connaissance de celle que le peuple finira par appeler ‘la gamine de Strasbourg’ : Jeanne-Antide Aubier.
Pourtant loin de Strasbourg au début du livre, la jeune Néo-calédonnienne, ne s’attarde pas avec les mots doux et affectueux. Non, elle dit ce qui doit être dit et à qui doit l’entendre. C’est dans ce contexte qu’elle refuse de dire à la narratrice Anissa At Aissa ce qu’elle veut dire au président. Pourtant, l’occasion est belle puisque Anissa travaille pour le cabinet du président et lui écrit ses discours. Mais non. Jeanne veut parler au président puisqu’elle a des choses à lui dire et à lui uniquement.
D’ailleurs, au fil du livre, on se rend compte que Jeanne voit mieux le monde que n’importe qui alors qu’une maladie l’a privé de la vue quand elle était encore enfant. Cette cécité donne à Jeanne et son histoire une dimension prophétique. Comme si Jeanne était celle qui amènerait la paix dans le monde.
Mais Jeanne ne veut pas sauver le monde, Jeanne veut sauver la France.
Tout l’attrait pour ce personnage se fait dans sa comparaison avec la pucelle d’Orléans, Jeanne d’Arc. L’auteur a utilisé la même trame pour donner sa trajectoire à la nouvelle Jeanne et lui donner une dimension historique.
Tout comme Jeanne d’Arc qui a fini sur le bûcher et volontairement effacé de l’histoire pendant plusieurs années, Jeanne-Antide Aubier, elle aussi, est amenée sur le bûcher. Numérique cette fois, mais la sentence est la même. Sa mort numérique équivaut à une disparition physique dans le monde des réseaux sociaux.
Pourtant les deux Jeanne ont sauvé la France, pourtant les deux ont dérangé par les propos qu’elles tenaient. Des propos souvent justes, mais dérangeants.
Ce sont ces propos qui sont intéressants dans l’histoire. Au final, dès que nous faisons le rapprochement entre la pucelle d’Orléans et la gamine de Strasbourg (ce qui arrive très rapidement), nous savons que l’histoire se terminera mal pour la jeune Aubier.
Néanmoins, ce qui reste intéressant dans ce livre, ce sont les propos qu’elle tient dans ses différents discours.